Près d’une cinquantaine d’hommes enfermés dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) ont passé la nuit de samedi à dimanche dans la cour du bâtiment pour dénoncer « des mauvaises conditions sanitaires » et réclamer leur libération, a-t-on appris de sources concordantes.
« Il y a 47 hommes retenus au CRA qui sortent de prison. Ils sont en situation irrégulière », indique la préfecture de Seine-et-Marne. Le centre de rétention administrative est un lieu où sont enfermés les migrants en attente d’expulsion.
Des négociations en cours
Selon la préfecture, « un porte-parole parmi les retenus a été désigné » et des négociations sont en cours dimanche en début d’après-midi avec le directeur du CRA pour qu’ils regagnent leurs chambres.
Dans un communiqué commun, des sans-papiers déclarent avoir subi des « coups de matraque et des gaz lacrymogènes ». Des affirmations que conteste la préfecture.
Des mauvaises conditions sanitaires
Enfermés depuis le début du confinement, des retenus se disent « en panique » et dénoncent « des mauvaises conditions sanitaires ». « L’un d’entre nous a été libéré, il y a quelques jours à la suite d’une suspicion de Covid-19 ». Sur place, ils indiquent n’avoir « ni masques, ni gel hydroalcoolique ».
La préfecture de Seine-et-Marne précise qu' »aucun cas de Covid-19″ n’a été détecté au Mesnil-Amelot qui est le plus grand CRA de France, situé à quelques centaines de mètres des pistes de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
Grève de la faim
Joint par téléphone, Yousri qui fait partie des retenus, est sorti de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) le 7 mars. Le jeune homme de nationalité tunisienne s’est vu notifier une obligation de quitter le territoire français.
« Ils ne peuvent pas nous renvoyer car il n’y a pas d’avions alors ils doivent nous libérer. On ne veut pas attraper le coronavirus enfermé », déclare Yousri qui a « entamé une grève de la faim samedi ».
Un premier cas de Covid-19 a été détecté dans un CRA, celui de Paris-Vincennes, où 54 personnes sont encore enfermées. Ces dernières semaines, la poursuite de l’activité des CRA a fait l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement et les défenseurs des migrants.
Le Conseil d’État a tranché le débat fin mars, en décidant que ces établissements pouvaient rester ouverts, jugeant que le maintien en rétention n’est pas un « facteur d’évolution de l’épidémie ». Depuis un mois, les CRA se sont progressivement vidés, sous l’impulsion de décisions de remises en liberté par des juges.