L’humoriste et acteur Guy Bedos vient de s’éteindre à l’âge de 85 ans. Il avait brillé sur les planches, mais aussi sur grand écran. Hommage à un sale gosse insolent et adorable, en douze séquences cultes.
Disparu jeudi 28 mai à l’âge de 85 ans, quelques jours après l’un de ses grands amis Jean-Loup Dabadie, Guy Bedos s’était illustré en tant qu’humoriste et en tant qu’acteur, notamment sur les planches et au cinéma, au cours d’une longue et riche carrière.Hommage nostalgique en quelques séquences-souvenirs…
« La drague », avec Sophie Daumier
Le sketch culte du couple Bedos-Daumier (signé du même Jean-Loup Dabadie) qui fit rire lesFrançais entre la moitié des années 60 et une partie des années 70. Guy Bedos et Sophie Daumier, qui s’étaient mariés en 1965, se sont séparés en 1977. Jusqu’à la fin de sa vie, Guy Bedos parlait avec émotion de Sophie Daumier, disparue prématurément début 2004.
« Le commencement de la faim »
Le contrepied absolu des discours emphatiques sur la faim et la misère dans le monde. Ça commence sur un faux rythme, on se demande où il veut en venir… et boum. Le portrait ducynique ultime, aux antipodes de l’homme engagé que Guy Bedos était dans la vie.
« Bonne fête, Paulette ! »
Par excellence, le sketch du sale gosse mal marié, aigri et ne faisant aucun effort derespect à l’égard de sa conjointe… L’insolent irrévérencieux auquel on aimait tout pardonner.
« La rupture », avec Sophie Daumier
Un petit régal que cette anthologie des choses à dire – et surtout ne pas dire – si vous voulez quitter votre moitié… Sophie Daumier et Guy Bedos auront exploré sur scène toute la palette de l’histoire d’un couple… Avec en guest-star Pierre Mondy et Michèle Luccioni.
« Toutes des salopes ! »
Cette fois, un portrait de beauf frustré, comme un cas d’école. N’oublions pas que nous sommes dans la France des années 70, une France totalement mysogine. Guy Bedos n’omet pas la petite touche politique ou d’actualité, comme à son habitude, avec cettemention de Jean-Jacques Servan-Schreiber, illustre fondateur de L’Express et qui s’était lancé à l’époque dans une carrière politque.
« Carton rose ! »
Dans une parodie hilarante d’homosexuel casé avec un footballeur, Guy Bedos étrille lesport roi des Français et s’amuse au passage de la vie de couple, de tous les couples… L’occasion enfin de se moquer d’un milieu où l’homosexialité était – et demeure encore – un grand tabou.
« L’annonce faite à Odile »
C’est court, ça swingue comme un scat de chanteur de jazz. L’art de l’humour, c’est aussi une musique, un rythme, une pulsation. Les phrases de cette déclaration de rupture s’enchaînent, avec un clin d’œil à Serge Gainbourg, jusqu’à la chute finale…
« Le méchant garçon »
Un condensédésopilant d’un Guy Bedos dans une allégorie de rébelliondans la France de Giscard, un Bedos éternel sale gamin qui ne ratait pas la moindre opportunité de se payer l’ENA et les dirigeants politiques de droite de l’époque…
« Le dictionnaire médical »
« C’que tu lis… Tu l’as. » Un petit festival, très imagé, très cru, où la fille (fictive, souhaitons-le dans ce cas) du personnage du sketch en prend pour son grade… On y retrouve un concentré de tous les tics de phrasé bien connus de l’humoriste, accélérations de tempo, montées dans les aigus… La griffe Bedos.
« Un éléphant ça trompe énormément » (Yves Robert, 1976)
La bande de copains rêvée, sur un scénario cosigné par le réalisateur Yves Robert et Jean-Loup Dabadie, parrain de son fils Nicolas, disparu le 24 mai…Jean Rochefort, Victor Lanoux, Claude Brasseur (qui doit se sentir se sentir bien seul) et Guy Bedos. Dans cette séquence, le personnage incarné par Bedos, Simon, est dérangé en pleine partie de tennis par sa mère, interprétée par Marthe Villalonga, archétype de la maman envahissante…
« Nous irons tous au paradis » (Yves Robert, 1977)
Après le triomphe d’Un éléphant…, Yves Robert réunit à nouveau le casting de choc de son film précédent. Jean-Loup Dabadie en est l’unique scénariste. Simon (Bedos) perd son étouffante mère. Ses amis sont chargés de lui annoncer la nouvelle… Sa réactiona marqué plus d’un cinéphile.
« La vie est une comédie italienne »
Un extrait, pour finir, d’un spectacle d’anthologie de Guy Bedos, celui qu’il donna au Cirque d’Hiver, à Paris, dans les derniers mois de 1986. L’occasion au passage d’un hommage à Coluche dont la mort brutale, en juin de cette année-là, avait choqué et endeuillé la France. « Tu ris, tu pleures, tu vis, tu meurs… » Salut, l’artiste.
Source : France Info